mardi 10 mai 2016

Digression : Les Sautes d'Humeur, L'artisan parfumeur

   


        En 1998 L'Artisan Parfumeur, outre le beau Navégar, sort un bien joli coffret tout de satin rouge vêtu, renfermant cinq petits flacons de 15 ml : Les Sautes d'Humeur. Une sorte de petite boîte à malice dans laquelle choisir son compagnon parfumé selon... L'humeur du moment donc. C'est Olivia Giacobetti qui se trouve à la composition, nous peingnant un polyptyque olfactif entre douceur et ardeur, joie et mélancolie, sans oublier le panneau gentiment rageur.
       
         Le point commun entre ces cinq opus réside dans cette façon limpide et poétique de faire vivre des émotions sans jamais les jeter au visage, sans céder à la facilité d'une mode provocatrice et pseudo arty, qui tend à la caricature façon "en voilà pour ton argent" ( Serais-je en train de penser aux Explosions d'émotions de 2013, resucée peu excitante de la même maison ? ). C'est expressif, fort et délicat sans être tape à l’œil. L'histoire de chacune est maîtrisée, L'Artisan Parfumeur a donné son cahier des charges et il est totalement respecté.
         Certaines de ses humeurs se retrouveront d'ailleurs plus tard, désossées, charpentées ou réécrites dans d'autres compositions d'Olivia, au sein de L'Artisan Parfumeur, chez Iunx, ailleurs. Comme si la parfumeuse reprenait sa palette, peut être un peu frustrée de ne pas avoir été maîtresse en son temps, ou simplement jouant les variations d'une partition qu'elle aime et peaufine à l'infini... Mais j'extrapole totalement en fait !
       
        Le jeu marketing nous disait alors que ces cinq fragrances avaient été pensées afin de pouvoir allègrement se mêler, se superposer sans honte, et ainsi dérouler tout le fil de nos émotions au cours de la journée ( la soirée, la nuit... Point d'heure pour les braves c'est entendu ! )
           Au final ces Sautes d'Humeur s'avèrent être bien jolies et certaines sont même terriblement prenantes, surprenantes, addictives.
     

          Voici donc comment se déclinent, selon le petit livret du coffret, ces cinq humeurs mises à l'honneur pour L'Artisan Parfumeur par Olivia Giacobetti :



D'Humeur jalouse : " Un parfum vert. Vert de jalousie. Vert comme une plante vénéneuse. Amer comme un poison. Celui qui empoisonne le sang de la jalousie, celui qu'elle rêve de faire boire à ses rivales, réelles ou imaginaires. Suave comme l'amande du noyau de l'abricot : amande cyanurée, mais si délicieuse dans la confiture qu'on n'y résiste pas...
   Une bonne raison de le porter : il contient le poison et son antidote. L'amer qui éloigne et le suave qui retient. Deux notes contradictoires vibrant dans ce parfum comme l'amour et la haine dans le cœur de la jalouse. "

D'Humeur à rire : " Un parfum rose. Comme le rose qui monte aux joues quand le fou rire vous prend. Rose vif. Comme un malabar, comme les rayures des bonbons anglais. Comme les ongles peints quand on a douze ans. Gai comme un tour à la fête foraine. Acidulé comme l'odeur de la pâte à ballon malaxée entre les doigts. Claquant comme une bulle de chewing gum sur le nez de son voisin.
    Une bonne raison de le porter : pour éclater de rire, parce que la bonne humeur c'est contagieux. Pour faire des facéties, des blagues idiotes et laisser libre cours à sa fantaisie. "

D'Humeur à rien : " Un parfum gris. Comme grise mine et ciel d'automne. Humide comme une maison qu'on ouvre et la bouffée de nostalgie qui vous submerge soudain. Silencieux comme une retraite volontaire à l'écart du monde. Rafraîchissant comme l'église où l'on se glisse un jour de chaleur accablante. Pénétrant comme les vapeurs d'encens qui vous entraînent à la contemplation.
    Une bonne raison de le porter : avoir envie de rester en tête à tête avec soi même, de prolonger encore un peu cette mélancolie qui se laisse apprivoiser et vous rend un rien mystique. "

D'Humeur massacrante : " Un parfum rouge. Comme voir rouge. Brûlant comme le feu. Énervant comme trop de café. Piquant comme la moutarde qui monte au nez. Soufré comme l'allumette qui craque. Et la flamme qui part dans un éclair... Comme une colère !
    Une bonne raison de le porter : le vaporiser, c'est comme casser une pile d'assiettes. Une façon d'exprimer sa colère et en même temps de s'en libérer. Une colère qui s'envole en particules odorantes, c'est tellement léger à porter ! "

D'Humeur rêveuse : " Un parfum Bleu. Comme l'infini où s'égare les rêveries. Moelleux comme le lit aux draps métis fraîchement lavés et séchés au soleil. Où l'on s'abandonne à la somnolence de la sieste, l'esprit vagabondant entre veille et sommeil.Tendre comme le brise agitant mollement le rideau de lin blanc et apportant dans la chambre obscure les parfums de campagne. Frais comme un verre d'eau de fleur d'oranger posé tout près de l'oreiller.
    Une bonne raison de le porter : faire, pour une fois, l'éloge de la paresse, et ne pas se laisser tout à fait réveiller par l'agitation alentour. "



                                             Il n'y a plus qu'à trouver de quelle humeur je serai lors du prochain billet !
   


 

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